Objectifs du projet

Ce projet a pour objectif de travailler AVEC différents groupes de citoyens, pour les écouter et les observer en situations d’alerte, POUR ensuite co-construire les stratégies de médiation à mettre en œuvre pour définir la culture de l’alerte de demain. C’est un projet centré sur les citoyens, que nous souhaitons aider dans leur mise en sécurité et celle de leur entourage.

Éléments de contexte

Ce projet s’inscrit dans la continuité de précédents projets de recherche (IHEMI, 2019-2020 ; ANR Flash Cap-4-Multi- Can’Alert, 2020-2021 ; conventions DNUM 2022-2023), qui ont apporté les briques nécessaires pour que l’on puisse désormais envisager, AVEC et POUR les citoyens, l’alerte de demain. L’alerte doit générer une continuité entre la prévention (information transmise en dehors de la crise, en période d’accalmie) et l’action (mesure réflexe de sauvegarde). En cas de danger (relevant de la sécurité civile) ou de menace (sécurité publique), les citoyens vont recevoir un signal (sonore, lumineux, textuel) face à un événement pouvant porter atteinte à l’intégrité de leurs biens et de leurs vies. Par réciprocité, ils doivent appliquer les consignes de manière appropriée (DGSCGC, 2013). Mais pour cela, il faut que le danger ou la menace ait été reconnu par celui « qui pousse ce cri » et que le « cri soit entendu pour que les conséquences en soient tirées par ceux qui sont censés agir” (Valleron et al., 1994). Or, les études portant sur l’impact de l’alerte et de l’information préventive montrent que les objectifs ne sont pas atteints en France : seulement 9% des français déclarent savoir comment agir si un incident industriel se produisait près de chez eux (Cap’Com, 2021), 38% se sentent bien préparés face à un risque (Assurance Prévention, 2000), 68% se considèrent mal ou très peu informés (CGDD, 2022), 81% des français n’ont jamais entendu les alertes émises par sirènes (Croix-Rouge, 2016), pour ne citer que quelques chiffres.

Enjeux sociétaux

Pour inscrire l’alerte dans le corps et dans le quotidien des citoyens, il faut questionner la façon dont cette alerte est transmise à travers les générations, en évitant de se limiter à des approches « imposées par le haut » (approche top-down) ou de faire des tests sans en expliquer les fondamentaux. C’est justement le but de ce projet : co-construire l’alerte de demain, avec les citoyens, et mettre en présence des milieux qui veulent œuvrer pour le bien de tous car une alerte efficace a pour but final de sauver un maximum de vies. Souhaiter que les citoyens prennent part à l’alerte est actuellement un vœu pieu car les termes du « contrat » vis-à-vis de l’alerte ne sont guère explicites. La plupart des individus ignorent qu’ils doivent être acteur de leur propre mise en sécurité (comme le demande la Loi de Modernisation de la Sécurité Civile, 2004), considérant que l’État y pourvoira largement, comme il l’a toujours fait jusqu’à présent. Il est aussi illusoire d’espérer impliquer le public s’il ne perçoit ni l’intérêt de l’alerte, ni l’urgence de la situation à son échelle. Les décideurs doivent, de leur côté, prendre conscience de l’efficacité de l’alerte dans un contexte où les dangers ou menaces deviennent incertains et parfois imprévus. Preuve en est : depuis juin 2022, les préfets ont la possibilité d’alerter les individus sur leurs téléphones portables (via la diffusion cellulaire), ce qui constitue une révolution eu égard aux sirènes préexistantes (Douvinet et al., 2022). Or, si de nombreux dangers se sont manifestés en France durant l’été 2022 (feux de forêts, crues éclairs, épisodes caniculaires, accidents industriels), la plupart ont été des occasions manquées : seuls 3 événements (le feu survenu près de Landiras le 18 juillet 2022, le passage du cyclone Freddy le 18 février 2023 et l’éruption de niveau 1 du Piton de la Fournaise le 21 avril 2023) ont fait l’objet d’une diffusion d’alertes sur les téléphones portables, alors que de nombreux dangers se sont produits (les incendies survenus à Jarrie ou à Rouen par exemple), tout comme divers menaces…